François-Guy
Contrairement à la plupart d'entre nous, je ne suis pas tombé dans la marmite du protestantisme quand j'étais bébé. Mes parents, tous deux juifs, n'ont donné à leurs trois enfants ni formation ni information sur leur religion ancestrale. Leur vie pendant la dernière guerre avec ses déportations, ses caches, ses étoiles jaunes, ses interdictions d'étudier, ses privations en est sans doute la cause. Cependant ils nous ont montré l'exemple d'un esprit ouvert et tolérant, du bénévolat, du don de soi, de l'accueil, de l'aide pour les autres. Aujourd'hui, j'affirme qu'ils nous ont donné l'exemple d'une vie plus chrétienne que celle de beaucoup de chrétiens. A côté de la maison il y avait une paroisse protestante et son scoutisme. De facto, nous y passions week-ends et vacances et j'allais au culte avec les copains. Devenu "chef", bien que pas encore baptisé, j'ai mené les moments spirituels de fin de journée. Dans cette paroisse assez rigide, j'ai même créé une des premières troupes mixtes de France. Permettez-moi de rendre hommage à Pierre Willm récemment décédé, qui m'a soutenu dans ce projet. Voilà comment j'ai découvert puis pratiqué notre religion. Et la vie m'a fait voyager "aux quatre coins de l'hexagone". J'y côtoyais les paroisses et y cherchais le pasteur à qui je demanderai le baptême. Jusqu'au jour où, à 26 ans, après échecs et errances, j'ai rencontré le pasteur Dombre à Poissy. Mon baptême m'a valu cette remarque d'une grand-tante qui pourtant fréquentait peu la synagogue : "tu as renié tes origines". Comment lui faire comprendre que je ne reniais rien : je suis juif par ma mère et le resterai, mais suis devenu protestant par conviction. Depuis, j'ai fait un voyage en Israël au cours duquel j'ai découvert l'existence des Juifs messianiques, ces Juifs qui croient en Jésus. Même s'ils sont plus évangéliques que protestants unis, ils m'auront permis de me sentir pleinement protestant en assumant mes origines juives. J'espère que la tante Germaine a désormais compris ma décision. Malgré une lourde succession d'échecs, ma foi s'affermissait régulièrement. Un jour où j'étais désespéré par une suite de "tuiles", j'ai compris que le Seigneur me guidait depuis longtemps : Il a glissé sous mes yeux un vieux calendrier où j'ai lu : "Ne crains rien, Dieu est toujours avec toi". Depuis, je m'efforce de repérer la trace de Son doigt dans ma vie. Le dernier exemple, mais pas le moindre, est notre rencontre avec Véronique. Elle catholique, moi protestant d'origine juive, Il nous a réunis pour que nous vivions quotidiennement un œcuménisme réel, visible de tous. Seul le Seigneur pouvait nous apporter la sérénité que nous recherchions. |
Francine
Enfant, de 8 à 14 ans, je suis allée en colonie de vacances au château Leenhardt au Grau du Roi. Tous les matins, Daisy, jeune femme qui, si je me souviens bien, était la fille des propriétaires, rassemblait tous les enfants autour d’elle dans une grande salle. Elle racontait, sous forme de « contes », la Bible. J’étais émerveillée et intéressée par ces histoires. Ensuite, j’ai grandi et vécu comme jeune femme, occupée par la vie active. Je voyais cependant maman aller au culte le dimanche dès qu’elle le pouvait. J’ai fait comme beaucoup, des recherches généalogiques. J’ai découvert des aïeux ayant vécu à Tornac, près d’Anduze, tous protestants. Je me sens reliée à eux et je trouvais dommage de ne pas suivre leur cheminement. A la retraite, j’ai ressenti le besoin de pratiquer, non pas seulement par des prières mais de retrouver la communauté protestante de mon village. Depuis huit ans, je participe au culte. Au plus profond de moi, je sais que Dieu existe même si nous ne le voyons pas mais il est présent dans nos vies. J’essaie de vivre ma foi dans les actes de la vie quotidienne même si ce n’est pas toujours simple. J’aimerais transmettre à mes enfants, la flamme héritée de ma famille et des récits de Daisy. Evelyne
Je suis née et j'ai été élevée dans une famille protestante traditionnelle et pratiquante. Comme beaucoup, j'ai mis de la distance dans ma pratique religieuse, à certains moments de ma vie, mais j'ai tenu à ce que notre mariage mixte, catholique et protestant, soit célébré au Temple, puis que nos enfants aient une éducation religieuse protestante... Je ne saurais dire quelle part prend la tradition dans mon engagement actuel dans l'Eglise, mais je sais que les messages reçus lors des cultes et des échanges de toute sorte sont un soutien pour moi, et m'aident à essayer de comprendre tout ce qui nous dépasse. J'ai redécouvert, à travers la commémoration des "500 ans de la Réforme", à quel point les fondamentaux, tels que la Liberté de pensée et de culte et la tolérance, même s’ils ne sont pas l'apanage des seuls protestants, étaient déjà là comme piliers de ma vie. |
Nadège
Je suis Protestante car, après un parcours spirituel rempli de questions, j’avais perdu, non pas la Foi, mais la véritable image du Dieu de mon cœur, de mon être, du Dieu des Chrétiens. Quand j’ai découvert la Foi Protestante, j’ai vécu une renaissance, dans ma Foi, dans mon cœur, dans ma vie, le bonheur tout simplement. Je crois en un Dieu de Paix, d’Amour, je croix en Jésus, son Fils, qui a souffert, qui par Amour pour nous, pauvres pêcheurs, a donné sa Vie. J’ai aussi compris et je ressens au plus profond de moi que Dieu, chaque jour, nous accompagne, nous aide à traverser les épreuves, la maladie, les deuils, il nous soutient, il est là dans nos moments de joie, de naissances, d’amour. Amour de l’Humanité, Amour de l’Autre, du Prochain, il nous apporte la Paix. Quelle plus grande preuve d’Amour que ce Dieu, qui s’est abaissé à être homme, qui souffre et pleure avec nous, un Dieu qui laisse l’homme libre ? Pour moi, être Protestante, c’est être plus proche de Dieu, d’un Dieu bien vivant puisque ressuscité, d’un Dieu qui parle à chacun à travers la Bible, d’un Dieu d’Amour, par Jésus, son Fils, d’un Dieu qui vient à nous, par la grâce du Saint-Esprit. |
Marion
Issue de deux lignées protestantes, l’une cévenole et l’autre alsacienne, je suis tombée dans la « marmite » à ma naissance. Fille et arrière petite-fille de pasteurs, j’ai été dès l’enfance fortement imprégnée par cette foi, parfois révoltée par la résignation de certains proches face à la mort d’un être jeune. A-t-on le droit de se révolter contre Dieu? Contre ceux qui pensent avoir « la parole de vérité » ? Il me semble qu’en étant protestant, nous avons la liberté de remettre en cause, de poser des questions dérangeantes. Au cours de l’histoire, on a vu des protestants se dresser contre l’ordre établi, dans le souci de faire valoir une juste compréhension des textes bibliques, tout en les confrontant à l’époque. Traduire ma foi par mon comportement, éviter les jugements hâtifs, être tolérante à l’égard d’autres « croyants » au sens large: c’est ce que je tente d’appliquer à ma vie. J’avoue être en difficulté pour expliciter ma foi par la parole, je m’exprime peut-être mieux par la musique. |
Raymond
Curieuse question pour moi qui ai hérité le Protestantisme dès ma naissance dans un village cévenol à l'ombre du temple, dans ma famille à tradition huguenote. La question serait plutôt : POURQUOI SUIS-JE RESTÉ PROTESTANT ? Le fil directeur de ma vie spirituelle a toujours été la Bible, en commençant par l'école du jeudi de ma petite enfance, puis par la catéchèse et mon engagement dans le scoutisme unioniste. Deux personnages ont été, pour moi, essentiels dans le mûrissement de ma foi. En premier lieu, le pasteur Elisabeth SCHMIDT dont l'autorité et la raideur dogmatique ont conduit mes études catéchistiques jusqu’à mon baptême. Ensuite le chef éclaireur Paul VIALA que je retrouvais chaque été au camp des Balmes à Barre des Cévennes et qui m'a accompagné sur le chemin d'un protestantisme joyeux, responsable et agissant. La lecture des textes bibliques, la méditation et la prière partagée sont restées pour moi une source de réconfort et bien souvent une aide indispensable dans le déroulement de mon activité de médecin de campagne pendant plus de quarante ans. L’Éternel m'a fait la grâce de m'accorder son soutien dans toutes les circonstances de mon existence. A Lui seul la gloire ! |
Marion
Dans un des journaux précédant, Raymond disait « Pourquoi suis-je resté protestant ? » et pour ma part ce serait plutôt : « Pourquoi suis-je revenue au protestantisme ? » Après un baptême protestant et quelques années d'écolette le mercredi, je me suis éloignée de Dieu à l'adolescence. Alors pourquoi, à l'heure où tant de jeunes sont plus préoccupés par le matériel que le spirituel, moi, Marion, ai-je envie d'aller au culte maintenant ? Pour reprendre Henri Bourgeois, je me considère comme une recommençante. J'ai redécouvert la foi grâce à deux pasteurs, Céline Rohmer et Georges Fauché. C'est comme si je me réveillais d'un long sommeil. Dans cette communauté j'ai trouvé l'écoute, la solidarité, l'amitié, l'amour et bien plus que des amis, une famille ! |
Christophe
J'ai découvert l’Église Réformée à 16 ans à la faveur d'un déménagement dans le Var. Il y avait eu sur mon parcours des discussions avec ma grand-mère mais ces nouvelles rencontres dans l'Église et la fraternité partagée m'ont permis de découvrir un message qui me touchait et qui me porte encore. Comme j'aime beaucoup jouer de la musique durant les cultes, cela a rapidement été aussi pour moi une façon de prier et un vrai plaisir de partager ces temps forts avec d'autres. Ce qui compte pour moi dans le protestantisme c'est que Dieu ait vécu la faiblesse, qu'il nous porte à être attentifs aux plus faibles, à tous ceux en position de fragilité. Je suis aussi touché dans ce que j'entends à l’Église par la liberté de parole, parole de liberté et le semper reformada : cela me touche et continue de guider ma vie : j'y comprends Dieu comme celui qui m'invite à la création et à la liberté permanente pour que je vive. |
Martine
J’ai découvert, enfant, un visage de Jésus, grâce à la lecture de l’évangile de Marc, qui avait été distribué dans les boîtes aux lettres pour faire de la publicité pour la Bible de Maredsous. Ca a été pour moi le déclic de ma quête. Je cherche le visage de Dieu, outre dans l’Ecriture, dans le visage de mes frères et sœurs, je cherche Dieu en toute chose. J’aime l’Eglise protestante qui ne disqualifie personne, qui est lieu d’accueil, institution qui répond à ma soif de paroles de vie dans ce monde qui semble être dirigé par la soif de pouvoir, par la finance, par la loi de celui qui pense être le plus fort. J’aime cette Eglise où est rappelé culte après culte, le plus grand et le seul commandement « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force et de toute ta pensée et tu aimeras ton prochain comme toi-même » Luc 10, 27. |
Marie
Je suis née dans une famille chrétienne, avec une maman catholique et un papa protestant. Leur mariage, très heureux par la suite, avait été un peu compliqué par un prêtre qui voulait que mon père promette d'élever ses enfants dans la foi catholique et un pasteur qui lui avait dit qu'il faisait la plus belle erreur de sa vie en épousant une catholique. Bref, très vite, mes parents ont pris de la distance avec ces visions un peu trop identitaires. L'histoire n'était pas écrite d'avance et nous avons vécu en famille de belles expériences. Aux Pays-Bas, dans une église où le prêtre ne venait pas régulièrement, nous avons cheminé avec la communauté française. Pour moi enfant, le souvenir le plus marquant est la joie partagée à chanter des chants à plusieurs voix. Avant la messe, toute l'église s'entraînait à entonner ces chants. Nous les reprenions ensuite à tue-tête dans la voiture durant nos longs voyages pour rejoindre la France. J'ai aimé cette ambiance de premiers chrétiens que j'ai l'impression de retrouver au culte participatif. Je l'ai aussi vécue dans une ferme à Guyancourt. Là, je participais à l'école biblique, qui a été une révélation pour moi. J'aimais beaucoup lire les histoires de la Bible et essayer de les comprendre. Pendant longtemps, je me suis dit que je ne choisirai pas. Et puis, lorsque j'étais au lycée, le choix s'est imposé de lui-même. C'est le culte qui me nourrissait le plus, avec ses prières toujours renouvelées et de plus en plus parlantes pour moi, surtout à l'âge adulte, et ses prédications, qui me font parfois l'effet d'une explosion de lumière sur l'essentiel. On se construit souvent en opposition. Pour moi, ce temps est passé et je me sens avant tout chrétienne, avec une sensibilité protestante. |
Régine
A douze ans, à l’école Marie Durand, j’ai rencontré Melle Raous, directrice de la pension. Nous avons cheminé quelques années ensemble. Sur ce chemin, je sais que la prière, l’amour, le pardon, l’écoute et le service sont mon engagement. |
Je suis né à Vergèze en 1926. Trois de mes grands-parents étaient cévenols. Mes parents étaient fortement engagés dans l’Eglise, où mon père fut trésorier régional. Comme diraient les Pentecôtistes, je suis donc né protestant. C'est dans cette religion que j'ai été élevé et dont j'ai suivi longtemps les enseignements.
Vint un jour où j'éprouvai le besoin de chercher, de relire les évangiles, pour chercher une autre interprétation à de nombreuses questions qu'ils posent. Mon interprétation s'est alors souvent avérée différente de celle de notre Eglise, mais celle-ci fait place à la liberté de penser, très évangélique d'ailleurs, qui accepte que l'un et son prochain puissent ne pas avoir la même idée. C'est ainsi qu'aujourd'hui, à 91 ans, - je crois que Jésus-Christ est né au Jourdain, lorsque au baptême de Jésus, le Saint-Esprit descendit sur lui, le transformant en Jésus-Christ ; - je crois que Christ est ressuscité, lorsque Dieu renvoya sur terre son Esprit, qui avait animé Jésus-Christ ; - je crois à la résurrection des morts et à la vie éternelle. Paul |